
Que vous soyez en poste ou en recherche de poste, nouvellement embauché, promu ou confronté à une prise de responsabilité, se sentir légitime au travail est crucial pour s’épanouir et donner du sens à vos missions.
Et pourtant, c’est un sentiment qui peut paraître élusif.
Alors, comment le développer ?
Voici quelques pistes concrètes.
1. Comprendre la notion de légitimité
La légitimité au travail repose sur deux axes principaux :
- la reconnaissance interne (votre propre perception de vos compétences et de votre place)
- la reconnaissance externe (validation par vos pairs, supérieurs ou équipes)
On sait à quel point le fait de n’être pas reconnu au travail peut éroder le sentiment de légitimité. Cela peut être le signe d’un environnement de travail toxique.
Pour autant, la reconnaissance la plus importante, et celle qui enclenche le plus souvent la deuxième, est la reconnaissance interne.
Plus vous avez confiance en vous, plus vous vous sentez à votre place et plus vos interlocuteurs vont vous renvoyer que vous êtes légitime.
Se sentir légitime, ce n’est pas tout savoir ou tout maîtriser, mais plutôt avoir conscience de votre valeur et de l’impact de vos contributions.
Quand a-t-on le plus de chances de se sentir illégitime au travail ?
Certains contextes amplifient davantage le sentiment d’illégitimité, notamment les phases dont les changements demandent de s’adapter et de se voir différemment.
Cela crée souvent un décalage entre l’image qu’on a de soi et la nouvelle identité qu’on doit embrasser.
Voici quelques phases clés parmi les plus à risque :
En Début de carrière
Lors d’un premier emploi, d’une première embauche après les études ou après un stage, le passage du statut d’étudiant à celui de professionnel peut créer un sentiment d’illégitimité.
Vous manquez d’expériences concrètes, vous pouvez voir un écart entre la formation théorique et la réalité du terrain ou vous comparer avec des collègues plus expérimentés, ce qui renforce la crainte de ne pas avoir “assez” de compétences, d’expériences, de diplômes, etc.
Changement de poste ou promotion
Lors d’une évolution vers un nouveau niveau hiérarchique, avec de nouvelles responsabilités, le syndrome de l’imposteur peut se faire sentir.
Vous pouvez douter de vos capacités à tenir le nouveau rôle, ressentir un stress lié aux attentes perçues, avec la peur d’être démasqué.
A lire : les 6 erreurs de votre prise de poste
Transition ou reconversion professionnelle
Lors d’un changement professionnel, qu’il implique un simple changement d’entreprise ou de secteur, une reconversion, ou la création d’un nouveau statut, la rupture avec le parcours antérieur peut créer un fort sentiment d’illégitimité.
Il peut y avoir une difficile confrontation aux nouvelles exigences du marché du travail qui peut créer de l’autosabotage ou de l’autocensure.
A lire : les clés de votre transition professionnelle
Environnements très compétitifs
Dans certains secteurs qui valorisent la comparaison permanente et la culture de la performance à outrance, la pression peut créer le sentiment de n’en faire jamais assez et de n’être pas à la hauteur.
A lire : 15 signes que vous êtes dans un environnement de travail toxique
Populations professionnelles spécifiques
Être issu d’une minorité, d’un milieu modeste ou ne pas avoir les bons diplômes sont autant de facteurs qui peuvent conduire à intérioriser des stéréotypes et créer des barrières implicites avec le sentiment de devoir “prouver sa valeur”.
A lire : comment les stéréotypes de genre impactent votre carrière
Périodes de rupture professionnelle
Un long congé (parental, maladie), un retour à l’emploi après une pause ou un chômage, sont autant de phases qui peuvent conduire à une perte de repères professionnels et une remise en question de ses compétences.
L’éloignement, voire l’isolement vis-à-vis de l’entreprise, et l’anxiété liée au changement peuvent créer un fort sentiment de n’être plus adapté au monde professionnel.
A lire : Reprise du travail après un congé maternité, conseils pour un retour serein
Métiers en transformation
Les réorganisations permanentes ou les métiers qui subissent de très fortes évolutions, notamment technologiques, avec une obsolescence rapide des compétences peuvent conduire à un stress lié au fait de devoir se former et s’adapter en permanence avec un fort sentiment de perte de maîtrise.
Stratégies pour renforcer le sentiment de légitimité au travail
Voyons maintenant les stratégies pour se sentir plus légitime au travail.
1/ Contrer le syndrome de l’imposteur
Une des barrières les plus fréquentes à la légitimité est le syndrome de l’imposteur.
Cette sensation de ne pas être à la hauteur peut affecter même les professionnels les plus qualifiés. Voici quelques signes courants :
- Vous attribuez vos succès à la chance ou aux circonstances (plutôt qu’à vous-même)
- Vous minimisez vos réalisations.
- Vous avez peur d’être démasqué comme étant incompétent.
A lire : comment reconnaître et dépasser le syndrome de l’imposteur
2/ Reconnaître ses réussites
Pour contrer ce syndrome, commencez par reconnaître vos compétences, vos accomplissements et vos réussites.
Rappelez-vous des moments où vous avez surmonté des obstacles.
Déconstruisez la pensée “je me sens nul au travail” et remplacez-là par une évaluation réaliste de vos capacités.
De nombreuses ressources pour combattre le syndrome de l’imposteur sont disponibles, en particulier le coaching professionnel.
N’hésitez pas non plus à tenir un journal de bord de vos réussites.
Concentrez-vous sur les mini-victoires, célébrez vos petits progrès, pas seulement sur le résultat final.
L’échéance d’un projet donné est peut-être dans 3 mois, mais chaque jour passé, chaque action entreprise est un petit pas dont vous pouvez vous féliciter.
Et cultivez la compassion envers vous-même.
3/ Cultiver la pyramide de la confiance en soi
La pyramide de la confiance en soi comporte trois briques : l’estime de soi, la confiance en soi et l’affirmation de soi.
Ce sont autant d’ingrédients indispensables pour cultiver une bonne image de soi, renforcer la certitude que ses contributions ont de la valeur, se sentir capable de relever des défis et oser exprimer ses idées et ses opinions.
4/ Prendre sa place
N’attendez pas qu’on vous assigne une place.
Bien sûr, la légitimité se nourrit aussi de la reconnaissance de son management et de ses pairs, mais elle commence par se reconnaître soi, par incarner le rôle, même si on hésite.
Il s’agit de prendre sa place, intérieurement.
Plus vous vous sentez à votre place, plus les autres vont vous reconnaître cette place, naturellement.
4/ S’ancrer dans ses forces
Plutôt que de vous concentrer uniquement sur vos points faibles, mettez en avant vos forces.
C’est particulièrement utile pour se sentir légitime dans un nouveau poste, ou dans le cadre d’une transition professionnelle.
Pour cela, posez-vous les questions suivantes :
- Dans quels domaines excellez-vous naturellement ?
- Quels feedbacks positifs recevez-vous régulièrement ?
- Quelles compétences apportez-vous à votre équipe ou organisation ?
Un exercice utile est de réaliser une cartographie de vos compétences (savoirs, savoir-faire et savoir-être).
Notez vos savoir-faire techniques, relationnels et stratégiques, ainsi que des exemples concrets qui les illustrent.
A lire : Identifier ses forces professionnelles
5/ Accepter d’évoluer et d’apprendre
La légitimité n’est pas un état figé. Elle évolue avec le temps, à mesure que vous acquérez de nouvelles compétences et expériences.
Adoptez une posture d’apprenant perpétuel, où chaque projet ou défi est une opportunité de grandir.
Pour ceux qui ressentent un sentiment d’illégitimité après une promotion, il est particulièrement utile de se concentrer sur les nouvelles compétences à acquérir tout en valorisant celles qui vous ont permis d’atteindre ce poste.
Acceptez d’être vulnérable et gardez à l’esprit que vous aurez toujours des compétences à acquérir.
Cela ne remet pas en question votre légitimité.
L’important, c’est votre capacité d’apprentissage, davantage que les compétences que vous détenez aujourd’hui.
Et si vous avez des lacunes et transformez-les en objectifs de formation.
6/ Créer un réseau de soutien
Entourez-vous de personnes qui vous inspirent et vous soutiennent.
Cela peut inclure des mentors, des collègues de confiance ou des amis.
Discuter de vos doutes avec ces personnes peut vous aider à relativiser et à développer une vision plus positive de vous-même.
Le partage d’expérience vous fera prendre conscience que chacun traverse exactement les mêmes défis et obstacles.
Partagez également vos réussites et sollicitez du feedback constructif pour identifier vos points forts.
Un bon réseau peut jouer un rôle clé pour renforcer votre légitimité au travail.
7/ Réévaluer ses attentes
Parfois, le sentiment d’illégitimité provient de standards trop élevés ou d’attentes irréalistes envers vous-même. Posez-vous ces questions :
- Vos objectifs sont-ils atteignables dans le contexte actuel ?
- Vous comparez-vous à des modèles qui ont plus d’expérience ou de ressources ?
- Etes-vous dans le biais cognitif de l’amplification qui vous pousse à sous-estimer vos réussites et sur-estimer celles des autres ?
Rappelez-vous que chaque parcours est unique et que vos efforts méritent d’être reconnus, même s’ils ne correspondent pas à des idéaux perfectionnistes.
Conclusion
Se sentir légitime au travail est un cheminement, pas une destination. Il s’agit de trouver un équilibre entre reconnaissance externe et interne, tout en adoptant une posture bienveillante envers soi-même.
En appliquant ces conseils, vous pourrez non seulement renforcer votre sentiment de légitimité au travail, mais aussi inspirer les autres à faire de même.
Partagez ci-dessous les actions que vous appliquez !