Le syndrome de l’imposteur est un état que l’on traverse tous à un moment ou à un autre.
Une pensée lancinante vous poursuit.
Celle que vous n’êtes pas à la hauteur.
Que peut-être, sait-on jamais, vous avez été placé.e là par erreur.
Vous avez la sensation que vous ne méritez pas d’être là, qu’il y a une erreur de casting, que vous avez eu de la chance et que vous avez trompé les autres sur vos réelles capacités.
Cela peut mener à des questions comme :
- Suis-je assez bien pour le poste ?
- Pourquoi les autres devraient-ils m’écouter ?
Nous allons voir ce que recouvre ce syndrome exactement.
Et si vous en souffrez de façon chronique.
1 | Qui est concerné par le syndrome de l’imposteur ?
Il y a deux types de personnes concernées par le syndrome de l’imposteur.
D’un côté, les personnes déterminées, qui ont besoin d’accomplir, et qui “malgré leurs succès objectifs, n’arrivent pas à s’approprier leurs réussites, ont un doute persistant et ont peur d’être exposés comme une fraude ou un imposteur.” (Bravata et al., 2009).
Ce sont généralement des personnes perfectionnistes qui ne laissent pas de place à l’erreur, et se fixent des objectifs très élevés. L’échec est vu comme personnel.
En nourrissant une grande exigence vis-à-vis de soi-même, sans se laisser l’espace pour apprendre et se tromper, on crée un sol fertile au développement d’un sentiment d’incapacité.
De l’autre, le syndrome de l’imposteur peut concerner des personnes qui ont subi un coup dur qui leur a fait perdre confiance en eux (lire : Comment reprendre confiance en soi après un échec professionnel ?).
2 | Les symptômes du syndrome de l’imposteur
Comme pour le burn out, auquel le syndrome de l’imposteur peut d’ailleurs conduire, il est souvent difficile de détecter sur le moment qu’on en est “atteint”.
Mais certains symptômes sont caractéristiques et peuvent vous mettre sur la voie :
- Vous placez l’opinion des autres au-dessus de la vôtre et vous ne faites pas confiance à votre jugement personnel.
- Vous ressentez une anxiété persistante. Il ne s’agit pas d’un stress lié au fait d’avoir une semaine chargée. C’est plutôt comme un poids lourd au fond du ventre, accompagné de l’impression que le sol peut se dérober à tout instant.
- Vous avez l’impression que vous allez être exposé.e comme une fraude à chaque instant. “On” va vous appeler pour vous retirer vos diplômes. “On” va se rendre compte que vous n’avez pas les compétences. “On” va se moquer et pointer le fait que vous n’êtes pas du tout au bon endroit. “On” va vous mettre en défaut et vous faire perdre la crédibilité que vous avez patiemment construite.
- Vous travaillez constamment pour être au niveau, en essayant de combler votre angoisse par une action qui peut être dispersée plutôt qu’alignée, précise et centrée.
- Vous êtes sur la défensive, et prenez les moindre remarques, même celles qui ne vous concernent pas directement, comme un jugement sur votre personne ou votre travail
- Vous ne prenez plus de risques, vous ne prenez pas la parole en réunion. Vous vous retenez de proposer de nouvelles idées, projets, ou de vous exposer. Cela crée un cercle vicieux, puisque vous n’osez pas vous montrer et être visible, ce qui accentue encore votre inquiétude et votre impression d’être invisible.
- Vous micro-managez et vous avez un important besoin de contrôle.
3 | Les causes du syndrome de l’imposteur
Si vous êtes concerné.e, je vous propose d’explorer les causes de cette inquiétude que vous ressentez.
Il y a généralement 3 facteurs, qui peuvent se cumuler :
1) Vous manquez de clarté sur votre place dans votre environnement professionnel
Un manque d’information
Il vous manque de l’information ou des instructions sur votre rôle, votre périmètre, sur ce que vous devez faire et comment le faire.
Vous ne savez pas comment réussir dans ce contexte.
L’information existe peut-être, mais elle vous semble floue, et pas assez délimitée.
Vous devez tout découvrir par vous-même, ce qui accentue votre impression de ne pas maîtriser l’environnement dans lequel vous évoluez.
Vous avez la sensation de ne pas contrôler les choses.
Un manque de feedback
Vous n’avez aucun feedback sur votre travail, ce qui vous fait vous demander constamment si vous n’êtes pas sur le point de vous faire licencier, écarter ou si vous allez dans la bonne direction quand vous êtes entrepreneur.
Certes, vous pourriez vous dire que tant qu’on ne vous dit rien, c’est plutôt bon signe.
Mais ce silence crée de l’anxiété et peut développer une obsession sur le fait de savoir si vous êtes taillé.e pour vos missions.
Un manque de compétences
Vous avez l’impression qu’il vous manque des compétences.
Cela peut être un constat objectif.
Par exemple, vous pouvez être sur un nouveau périmètre, qui demande réellement de nouvelles compétences. Mais plutôt que le voir comme des domaines à développer et complémentaires aux qualités que vous avez par ailleurs, vous êtes focalisé.e sur ce que vous ne savez pas.
2) Vous manquez de sécurité psychologique
D’une façon ou d’une autre, vous n’êtes pas confortable.
Vous pouvez sentir que des personnes retiennent de l’information, que vous n’êtes pas réellement accueilli, que l’environnement est toxique.
Ou alors vous êtes simplement perdu.e et pas en confiance dans un environnement qui ne vous paraît pas rassurant.
Vous avez le sentiment d’être au bord du précipice et de ne pas pouvoir être vous-même au niveau professionnel.
3) Vous manquez d’estime et de confiance en vos capacités
Vous placez la barre très haut et vous vous sentez tout.e petit.e par rapport au défi devant vous, pas à la hauteur, et globalement peu légitime, voire illégitime.
Dans ces conditions, les symptômes précédents créent un cercle vicieux.
Vous ne vous faites pas confiance et vous êtes dans l’indécision permanente.
3 | Les solutions pour vaincre le syndrome de l’imposteur
1) Prendre conscience du syndrome de l’imposteur
La première étape est de prendre conscience que vous traversez probablement un syndrome de l’imposteur.
Il est plus facile de faire évoluer ce dont on est conscient, beaucoup plus ardu d’agir sur ce qu’on ne perçoit pas.
2) Clarifier votre périmètre et votre rôle
Quand vous n’êtes pas au clair sur votre périmètre, et que vous n’avez pas l’impression de pouvoir compter sur votre environnement pour le faire, cela va être à vous de le délimiter précisément.
A la manière d’un détective qui cherche à fermer les pistes, vous pouvez poser des questions, demander à clarifier certains points et vous concentrer sur un périmètre précis, que vous élargirez au fur et à mesure.
Souvent, le syndrome de l’imposteur est difficile parce que vous avez l’impression de devoir tout maîtriser, et c’est vertigineux.
En créant un périmètre, des objectifs concrets et précis, et une logique de petits pas, vous allez vous sécuriser, et vous pourrez ensuite élargir cette base d’actions.
3) Sortir du jugement
Il est important de prendre de la hauteur et de sortir d’une vision en tout ou rien.
“C’est parfait ou c’est l’échec complet.”
“Il faut tout savoir, sinon on ne mérite pas ce poste.”
“Si je n’ai pas 100% des compétences, je ne suis pas fait.e pour ce job.”
Cette vision extrême ne vous sert pas.
Par ailleurs, vous voyez avec acuité ce que vous ne savez pas.
Mais voyez-vous avec la même précision ce que vous savez, vos qualités, ce que vous avez réussi, accompli et globalement les forces que vous apportez au poste ou à votre périmètre ?
Peut-être que vous n’avez pas besoin de cette certification supplémentaire.
Peut-être que ce MBA que vous envisagez sert surtout à vous donner confiance, mais n’est pas utile, au fond.
Peut-être que vous n’avez pas besoin de passer des soirées à peaufiner votre présentation PowerPoint.
Acceptez que vous êtes humain, après tout, et que vous allez apprendre au fur et à mesure ce que vous ne savez pas.
Dès que vous entrerez dans une posture d’apprentissage par rapport à votre périmètre, avec curiosité, vous sortirez de cette obsession et de ce biais négatif vis-à-vis de ce que vous ne savez pas.
Vous développerez une vision plus équilibrée de ce que vous faites très bien, et de ce qu’il vous reste à apprendre.
Vous pourrez mieux gérer les difficultés et les obstacles, sans les voir comme la confirmation que vous êtes une fraude.
4) Choisir des pensées qui vous servent
On a tous un dialogue intérieur, et la possibilité à chaque instant de choisir des pensées qui nous servent.
Le syndrome de l’imposture conduit à croire ses pensées limitantes et à les prendre pour vraies, ce qui crée un cercle vicieux.
Mais vous pouvez rediriger vos pensées pour en choisir des plus positives, auxquelles vous croyez.
A chaque fois, vous avez le choix d’une pensée catastrophique ou d’une autre plus constructive.
5) Développez votre confiance en vous
Un travail pour renforcer votre estime de vous et votre confiance en vous est un excellent moyen d’adopter une vision plus positive de vous-même.
Vous allez apprendre à développer des pensées plus constructives et à gérer vos émotions négatives.
Vous pourrez embrasser les obstacles sans qu’ils ne vous définissent.
Vous pourrez accepter de ne pas tout savoir, et créer de la motivation pour ce qu’il vous reste à apprendre, plutôt que d’abandonner dès que vous vous trompez.
Enfin, vous allez sortir du jugement, en comprenant que vous êtes votre pire juge, et que ce jugement impacte toutes vos actions et empêche votre spontanéité et votre créativité.
En conclusion
Le syndrome de l’imposteur n’est pas aisé à détecter, et il touche plus couramment les personnes perfectionnistes et exigeantes vis-à-vis d’elles-mêmes.
Les femmes sont plus concernées que les hommes, même si ces derniers en souffrent aussi.
Il est clé de rediriger ses pensées limitantes et de développer sa confiance et son estime de soi.